5 titres du IV, 4 titres du V : l'heureux Master que voilà !
L'importance de l'ouverture des albums de Led Zeppelin est soulignée ici par le choix de Page. "Good times, bad times" pour ouvrir le Traité sur le Hard Rock qu'écriront en 10 ans John Henry Bonham, John Paul Jones, James Patrick Page et Robert Anthony Plant. "Whole lot of love" pour le II, "Immigrant song" pour le III, "Black dog" pour le IV, "The song remains the same" pour "Houses of the Holy", "Achilles last stand" pour "Presence" et "In the evening" pour "In through the outdoor" sont ici.
4 As d'entée de jeu
"Good times, bad times" et le sort en est jeté. Les Yardbirds sont en cendres, le Dirigeable les écrase sur une Tour Eiffel en rut depuis trop longtemps. La perfide Albion s'allie au baron von Zeppelin et jette la confusion dans les esprits. "So long, it's not true"... La communication déprime sévère et vas-y que j'te quitte, une annonce qui en appelle d'autres.
Le plein d'amour, à ras bord, vite !
1969... année érotique. Tu parles ! Et sauvage avec ça ! Plant éructe, tous poils dehors. La semence jaillit à profusion, c'est à qui en voudra. C'est le début et y'en aura pour tout l'monde. Champagne ! Page y va de son "Heartbreaker", redondance obligée du rock (Grand Funk Railroad, Rolling Stones). Le "Brown Bomber" en sépia se crashe encore. On lui érige un temple déjà platine. Sans attendre la mort des Beatles, les dieux nouveaux sont arrivés et se rendent maîtres des lieux désertés par Cream qui avaient pourtant labouré l'asphalte avec leurs 3 roues de feu.
La roue tourne, le rock se fait folk et il a habité parmi nous
Dylan avait été incendié en 1965 pour avoir mis de l'électricité dans son folk. Ici, les fans de Led Zep' furent plus déconcertés que déçus. Repos en Galles. Les rockers se font gentlemen-farmers. "Immigrant song" allume un nouvel incendie, attisé par "Celebration day". Vient alors LE blues qui tue. "Since I've been loving you" avec ses 2 ou 3 notes de trop, histoire de plomber la fête en cours, écrase les amours déchues. A jamais et pour toujours, Je crois bien...
5 titres d'Enfer
L'évidence de Zoso, l'incontournable buisson ardent de l'Ermite mal fagoté dans son cadre de maison rasée qui ouvre sur un abîme de béton d'où surgira le néant de la démolition annoncée, le choix du Maître ès-tarots, artisan des succès des laborieux Kinks et Who (les riffs de "You really got me" et "My generation", c'est lui), l'orfèvre du transcendé "With a little help from my friends" ne pouvait que mettre en lumière cet avantageux quatrième album qui pulvérisa tout sur son passage. L'Attila du Rock mettait le feu à la planète et plus rien n'y pousserait plus comme avant. L'escalier vers le Ciel gravi après la bataille d'Evermore annoncée par les aboiements d'un chien noir permettait au vieil ermite de quitter ce monde non sans avoir guidé le voyageur égaré...
Explorations en John Paul Jones majeur
Lennon et McCartney, oui mais George Harrison ? Eh bien, Led Zeppelin non plus ne se repose pas sur les seuls lauriers amassés par Jimmy et Robert. La bride du bassiste est lâchée. Il en prend même le mors aux dents. Il faut dire qu'il se connaît bien, le coquin ! Grand arrangeur, les nappes de claviers font ici merveille. Pas d'quartier sur un "D'yer mak'er" d'anthologie, un prêt-à-danser sur un revival de twist, selon feu le Docteur Grof-Louth. Non, tu n'l'entends plus mais c'est là même chanson que celle de la pluie qui s'accorderait merveilleusement aux "Riders on the storm" de feu (décidément) James Douglas Morrison.
C'est écrit sur le mur : "Long live rock 'n' roll !"
Label personnel, chant du cygne prémonitoire. On n'y est pas encore mais ces assemblages "made in Headley Grange" illustrent bien les petits malheurs (décès du fils de Robert Plant, accident de voiture) d'une grande année (énorme tournée "sold-out" et "Physical Grafitti").
"Kashmir", excursion toute en arabesques ("Pourquoi viens-tu sitar, ô Seigneur, pour me voir ?") et "Trampled Underfoot" font merveille après un "Houses of the Holy" tout droit sorti du précédent, mais recalé ici sans que cela donne pour autant à cette double galette la magie du "White album".
Physiquement éprouvant, le talon d'Achille
"Nobody's fault but mine" éclabousse de sa classe l'Histoire de la Guitare. Page meilleur que jamais et ce n'est pas le dernier combat de Jimmy que celui d'Achille. Présence absolue sur un blanc de blanc, brut de chez Hypnogis qui fait des merveilles cette année là avec le "Technical Ecstasy" du Fab' Sabb'. "For your life" n'a pas ici de place et c'est bien dommage. Mais l'équilibrage des faces, vous savez ce que c'est...
Le kraft recelait des trésors
Alors qu'il remplissait à nouveau les stades sans se préoccuper des ravages de l'ère punk, Led Zeppelin laissa les critiques sur leur faim avec "In through the out door".
"All my love" n'est certes pas aussi dense que "Whole lotta love", mais "In the evening" tient bon la barre. Au total, ce n'est pas le naufrage annoncé prématurément. L'album est trop méconnu et Je gage qu'il remontera à la surface de nos mémoires dans quelque temps, tant sa richesse est cachée et mérite mieux que les 12'44'' que cette remasterisation lui attribue. Charge à vous d'aller à la rencontre des oublis de cette sélection...
Chant du cygne, porte de sortie, tout penchait pour une grave fatigue qui aurait ravagé les dirigeants du Dirigeable. Or, si la réalité fut bien la fin du Zep', ce n'est pas à ce disque qu'elle le doit. John Bonham s'en alla rejoindre Keith Moon au pays des batteurs divins dès 1980. Il était irremplaçable pour les 3 autres : Led Zeppelin en mourut.